les français à l'honneur!

Compte rendu du 27 février

Aujourd'hui, la macula Society a adoubé quelques membres triés sur le volet. Florence Coscas a été acceptée parmi les membres, choisis pour la qualité de leur travail sur les maladies rétiniennes. Hier Eric Souied recevait à 49 ans le Young Investigator Award. Quand je vous disais que la France a été à l'honneur!

Isabelle Aknin

Le 27 février 2016

Rétinopathie diabétique :

Le dernier jour, beaucoup d’études ont été présentées à la Macula Society. Le diabète a été au cœur du sujet, avec, entres autres, l’attendu protocole T à 2 ans

Les 10 points à retenir des études Rise et Ride (d’après William Mieler)

1/ le traitement des œdèmes maculaires diabétiques par Ranibizumab (RNBZ) est efficace rapide et prolongé
2/ le traitement retardé de 2 ans dans le groupe laser a entrainé une moins bonne récupération visuelle : traiter tôt
3/ un traitement antérieur par laser ou corticoïdes n’a pas modifié le résultat visuel final.
4/ le taux d’HbA1c à l’inclusion dans l’étude n’a pas modifié le résultat final
5/ le traitement par RNBZ a retardé la survenue d’hémorragies vitréennes, et a retardé le besoin de traitement laser périphérique.
6/ le traitement par RNBZ a diminué de presque 30% les exsudats diabétiques
7/ une intervention de cataracte chez les patients traités par RNBZ a permis un gain moyen de plus de 10 lettres (10 lettres à 1 mois de l’intervention)
8/ le gain visuel s’est maintenu durant la phase PRN suivant l’étude avec une moyenne de 3,8 injections/an
9/ on a constaté des améliorations des stades de rétinopathie diabétique, même chez ceux qui avaient de gros facteurs de risque de rétinopathie diabétique
10/ le passage en régime PRN n’a pas aggravé la rétinopathie

Les 7 points à retenir des études Vivid et Vista à 3 ans (d’après Justis Eblers et Rishi Singh)

1/ le traitement des œdèmes maculaires diabétiques par Aflibercept (AFL) est efficace rapide et prolongé quel que soit le rythme de traitement (q4 ou q8)
2/ le traitement par AFL a été bien toléré pendant l’étude
3/ après mise sous AFL même retardé, l’acuité visuelle s’est améliorée
4/ mais un traitement par AFL retardé limite les possibilités de récupération (les patients traités tard font moins bien que ceux traités rapidement : il faut traiter tôt)
5/ le traitement sous AFL a permis d’améliorer le stade de la rétinopathie diabétique périphérique
6/ les moins bons répondeurs sont ceux qui avaient la meilleure acuité visuelle et l’épaisseur maculaire la moindre à l’inclusion (le fameux « effet plafond »)
7/ en cas de réponse tardive à AFL, le résultat final est bon si on continue les injections régulièrement (q4 ou q8, selon le schéma initial)

Le protocole T à 2 ans (Jack Wells du DRCRnet)

90% des patients ont fini l’étude à 2 ans
Visites toutes les 4 semaines la première année, puis toutes les 4 à 16 semaines selon le cas : 9,3 visites dans les 3 groupes la 2° année
Le nombre d’injection ne montre pas de différence significative entre les groupes

Nombre médian d’injections AFL BVCZ RNBZ p
1° année 9 10 10 0,045
2° année 5 6 6 0,32
Sur les 2 ans 15 16 15 0,08

 

Laser focal possible à partir du 6° mois si l’œdème maculaire diabétique est stable ou aggravé

Nécessité d’au moins 1 laser AFL BVCZ RNBZ p
1° année 37% 56% 46% <0,001
2° année 20% 31% 27% 0,046
Sur les 2 ans 41% 64% 52% <0,001

La différence entre Aflibercept et Bevacizumab est hautement significative en faveur de l’Aflibercept
La différence entre Aflibercept et Ranibizumab est en faveur de l’Aflibercept, mais à la limite de la significativité

Le gain visuel à 2 ans ne présente pas de différence significative entre les groupes.
Pour le sous-groupe dont l’acuité visuelle initiale était <20/50 (4/10°) la différence statistiquement significative en faveur de l’Aflibercept à 1 an se lisse à 2 ans pour passer en dessous de la significativité.
En clair, l’Aflibercept fait mieux (et plus vite) la 1° année pour l’acuité visuelle du groupe le plus atteint, mais plus bien la 2° année.

Pour ce qui concerne l’épaisseur maculaire, l’Aflibercept diminue plus l’épaisseur maculaire, et cet effet se maintient la 2° année avec
AFL -171µ
RNBZ -149µ
BVCZ -146µ.
et:
AFL/BVCZ p<0 ,001
AFL/RNBZ p=0,08
RNBZ/BVCZ p=0,001

Pour la tolérance, pas de différence pour les complications locales, mais une différence pour les complications cardiovasculaires :
ATPC 5% pour AFL 8% pour BVCZ 12% pour RNBZ, avec un p à la limite de la significativité entre AFL et RNBZ : p=0,047.
Mais les auteurs restent prudents quant à l’interprétation de ces chiffres