Des cellules cutanées pour remplacer notre rétine: Notre peau pourrait prendre la place les souris de laboratoire.

la rétine dans la peau

On peut extraire de la peau des cellules pluripotentes (iPS). Une voie de recherche transforme ces cellules pluripotentes en cellules rétiniennes, sur lesquelles nous pourrions essayer des thérapies géniques.

Reference: . Y. Li, W.-H. Wu, C.-W. Hsu, et al., “Gene Therapy in Patient-specific Stem Cell Lines and a Preclinical Model of Retinitis Pigmentosa With Membrane Frizzled-related Protein Defects”, Mol. Ther. Epub ahead of print (2014). doi:10.1038/mt.2014.100.

Le 7 septembre 2014

La médecine personnalisée est à la mode : mettre des cellules d’un patient en culture, les modifier et les réinjecter au patient pour un effet thérapeutique, telle est l’une des voies de recherche. Une autre utilisation de ces cultures cellulaires est le test in vitro de produits ou de processus (comme une thérapie génique) avant de les utiliser chez le patient.

Une équipe du Columbia Medical Center de Manhattan (CUMC) fait des recherches dans ce sens. Ils ont mis en culture des cellules souches (iPS) issues de la peau de patients atteins de rétinite pigmentaire. Puis ces cellules souches ont été différenciées en cellules rétiniennes, à leur tour mises en culture. Ces cultures permettent d’étudier la structure et les fonctions cellulaires de la « rétine ».

Plus de 60 gènes ont été impliqués dans des rétinites pigmentaires, rendant difficile la mise au point d’un modèle de souris pour étudier cette (ces) maladie(s). Un autre biais de recherche dans le cas des modèles de souris de laboratoire est la différence entre la structure rétinienne de celles-ci et nos rétines. (Il n’y a pas à proprement parler de macula chez des souris). C’est pourquoi la possibilité d’étudier des cultures de cellules rétiniennes issues de patients (sans prélèvement rétinien qui serait non seulement techniquement difficile, mais éthiquement contestable) est une belle avancée technique.

Les chercheurs du CUMC ont étudié les cellules issues de la peau d’un patient porteur de rétinite pigmentaire avec une mutation du gène codant pour la MFRP (membrane frizzled-related protein).

L’analyse de ces cellules montre une perte de la structure du cytosquelette, qui perd son aspect hexagonal par anomalie de l’actine. D’après le chercheur Stephen Tsang, une perte de structure entraine une perte de fonction cellulaire. En introduisant une version normale de ce gène (avec un virus à ADN) dans les cellules rétiniennes dérivant des iPS du même patient, l’équipe du CUMC a montré non seulement une restauration de l’aspect cellulaire (donc du cytosquelette) mais aussi des fonctions cellulaires. Ce même virus a ensuite été injecté avec succès dans un modèle de souris avec une rétinite pigmentaire induite par une anomalie du gène du MFRP.

On peut alors se prendre à rêver d’une médecine personnalisée où les rétines des patients pourraient être cultivées à partir des cellules souches cutanées, des tests thérapeutiques faits sur ces cultures cellulaires, tout cela in vitro, pour choisir l’option thérapeutique la plus adaptée à la pathologie. Stephen Tsang y croit. Les cellules souches pluripotentes pourraient aussi nous aider à confirmer l’implication de tel ou tel gène dans la genèse d’une pathologie, préciser leur fonction, et finalement développer des traitements personnalisés.