Transformer des cellules souches en cellules rétiniennes fonctionnelles

Les thérapies cellulaires

Les dystrophies rétiniennes touchent de nombreux patients. Les cellules souches pluripotentes humaines peuvent se différencier dans tous les types cellulaires de l’organisme dont les cellules rétiniennes. Mais comment induire la bonne différenciation ? Que sait-on de la survie des cellules ainsi créées (toxicité, rejet immunitaire) ?

Le 27 août 2015

Plusieurs équipes se sont penchées sur le sujet.

Greffe de photorécepteurs dérivés de cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) dans un modèle de souris dystrophique

Une équipe londonienne (Robin R Ali et al.) a réussi à obtenir des précurseurs de photorécepteurs à partir de cellules souches embryonnaires, dans un modèle de souris dystrophiques. Ces souris présentent une dégénérescence des bâtonnets précoce, progressive et une altération de la vision scotopique. Ils ont réussi à obtenir des photorécepteurs à partir de cellules embryonnaires humaines qui s’intègrent correctement dans la rétine de souris normales ou dystrophiques. Dans les rétines de souris dystrophiques, les photorécepteurs ainsi créés établissent même des synapses avec les cellules de l’hôte. Malheureusement, la survie sur le long terme est faible.

Définir les paramètres permettant l’intégration de photorécepteurs dans une rétine pathologique

Une équipe californienne (Jie Zhu et al.) a recherché le protocole optimal pour permettre la survie optimale, et l’intégration de photorécepteurs dérivés de cellules souches embryonnaires humaines. Elle a pour cela utilisé un modèle de souris (CRXtvrm65) présentant des lésions dépigmentées rétiniennes en rapport avec une dégénérescence des photorécepteurs. L’intégration des photorécepteurs nécessite une forte immunosuppression, et les photorécepteurs sont détruits si l’immunosuppression est levée. Mais si l’immunosuppression est maintenue, ils s’intègrent progressivement au cours du temps dans la rétine.

L’intégration des photorécepteurs dans la rétine de l’hôte dépend donc de l’état d’immunosuppression.

Vers une thérapie génique « industrielle »

Restent de nombreux problèmes pour générer « industriellement » des photorécepteurs à partir de cellules pluripotentes humaines qui soient compatibles avec une application clinique :

  • Il faut un protocole compatible avec des ‟Bonnes pratiques de production cliniques” (clinical Good Manufacturing Practice [cGMP]), et reproductible !
  • vérifier que nous obtenions d’authentiques photorécepteurs, cellules matures et fonctionnelles, et que la population cellulaire soit homogène
  • Il faudrait être capable de produire beaucoup de cellules, et de pouvoir congeler ces cellules

Des chercheurs ont réussi à produire et à congeler des précurseurs de photorécepteurs en utilisant des conditions applicables à la clinique. Mais de nombreux progrès restent à faire, notamment pour améliorer l’homogénéité cellulaire et l’efficacité de la congélation.

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