Arvo 2016 > jour 3

Quand la réalité dépasse la fiction ?

Hypertonie oculaire : il n'y a pas d'induction de glaucome cortisonique définitif. Zéaxanthine anti-tumorale : de la souris à l'homme ? La CRSC vue par Yannuzzi : à vos verres à 3 miroirs !

Par Isabelle Aknin

Le 5 mai 2016

Les implants de dexamethasone n’induisent pas de glaucome chronique

D’après Amina Rezkallah  (abstract 3286 poster D0086)

Parmi les  complications des injections d’implants de Dexamethasone, l’hypertonie oculaire est une préoccupation majeure des ophtalmologistes. Pourrait-on avoir des glaucomes cortico-induits par ces implants ? C‘est la question à laquelle a essayé de répondre une équipe lyonnaise.

Une étude rétrospective a été menée sur 32 patients de deux centres lyonnais, avec injections d’implants de dexamethasone remontant à plus de 6 mois. Tous ces patients avaient eu une hypertonie oculaire secondaire à l’implantation (augmentation de plus de 10 mm Hg ou TO > 25 mm Hg). Qu’en est-il 6 mois après la dernière implantation ?
La tension de l’œil traité était de 14 +/- 2,8 mm Hg  versus 15 +/- 4,2 mm Hg pour l’œil adelphe non injecté.

Le C/D était de 0,26 pour l’œil  injecté versus 0,29 pour l’œil adelphe.  Les auteurs concluent que l’implant de dexamethasone peut induire une hypertonie post injection, mais que celle ci est  gérée par des traitements par collyre seul, et que l’hypertonie régresse avec l’arrêt de l’efficacité de l’implant. Il n’y a pas d’induction de glaucome cortisonique définitif. Ouf !

La zéaxanthine anti-tumorale

Nous n’en sommes pas encore à l’homme, mais c’est un début. Ce très joli travail de Dan-Ning Hu (mount Sinaï, New York) sur des souris. Il a implanté en sous-rétinien (de souris !!! il faut le faire !) des cellules de mélanome humain.

Trois groupes de souris :

  • un groupe témoin,
  • un groupe traité par doses physiologiques de zéaxanthine,
  • un groupe traité par fortes doses de zéaxanthine.

Le groupe témoin a développé une tumeur choroïdienne importante, avec migration extra-oculaire (en dehors de la sclère et le long du nerf optique)
le groupe traité à faible dose a eu un développement de tumeur modéré, qui est resté strictement dans le pôle postérieur
enfin le groupe traité à forte dose n’a pas eu de développement tumoral, ou a eu un développement marginal.

Ils proposent d’associer la zéaxanthine aux traitements de mélanome. On attend avec impatience la suite.

La CRSC vue par Yannuzzi : n’oubliez pas la périphérie

Larry Yannuzzi a fait une revue des cas de CRSC. Il différencie les formes aiguës (bulleuses) et les formes chroniques.

Il y a des détachements de l’épithélium pigmentaire périphériques de deux types : bulleux et denses (hyper-réflectifs). On les retrouve dans 77% des formes bulleuses, et dans 12% des formes chroniques.

Formes se compliquent de déhiscence de l’épithélium pigmentaire (« Blowout ») qui peuvent se évoluer vers des déchirures de l’EP. Ces lésions ne se retrouvent que dans les formes aiguës.
Ces déchirures de l’EP se compliquent (en 15 ans) de lésions fibrineuses sous-rétiniennes, qui relient les DEP, en avant de la membrane de Bruch. Ces lésions sont retrouvées essentiellement dans les (ex) formes aiguës.

Des zones de non perfusion périphériques peuvent être retrouvées. Elles se compliquent de proliférations endothéliales (périphériques toujours). Ces non perfusions périphériques compliquent les deux formes, bulleuses et chroniques.

L’une des conclusions est qu’il faut systématiquement examiner la périphérie des patients atteins de CRSC. L’autre est que la présence de complications périphériques peut nous permettre de classer la lésion centrale à laquelle nous sommes confrontés comme étant « bulleuse » ou « chronique »

A vos verres à 3 miroirs !