Des traitements en projet

ARVO 2022: Dégénérescence rétinienne héréditaires

Quelques études ont montré des résultats encourageants. Nous ne rapportons pas tout, mais ce qui nous a semblé le plus prometteur.

Le 3 mai 2022

TEASE Study: résultats à 2 ans de ALK-001 sur les Stargardt ABCA4

ALK-001 (C20-D3-Vitamin A) slows the growth of atrophic lesions in ABCA4-related Stargardt Disease: Results of a Phase 2 placebo-controlled clinical trial (TEASE study)

ARVO 2022 Communication orale dimanche 1° mai 12:49 PM – 1:06 PM MDT

Hendrik Scholl et al

On retrouve l’équipe de Hendrick Scholl qu’on avait déjà vu à l’ARVO 2019, avec des résultats préliminaires d’une étude sur l’effet de ALK-001 sur les maladies de Stargardt.
ALK-001 est une vitamine A modifiée qui, en remplaçant la vitamine A « habituelle », bloque la formation de résidus toxiques de la vitamine A dans la rétine (A2E). Elle est administrée en comprimés : une prise par jour. A l’époque, les résultats à 12 mois étaient prometteurs.

Le principe:

Il s’agit d’une forme particulière de vitamine A (C20-D3-vitamine A) qui divise par 4 ou 5 la formation de N-retinylidene-N-retinylethanolamine (ou A2E), dérivé mal métabolisés par ces malades, sans pour autant inhiber complètement le cycle visuel.
L’accumulation de A2E est mise en cause dans la pathogénie des Stargardt.
La phase I avait montré une bonne tolérance chez des patients sains

La Tease Study est une étude multicentrique (7 centres aux USA) de phase II, randomisée versus placebo en double insu.

50 patients atteints de Stargardt (STGD1), avec une atrophie bien délimité, ont été randomisés en traitement versus placebo en 2-1 durant la première année. 74% de ces patients aveint une atrophie bilatérale.
50% des patients sous placebo ont été ensuite randomisés vers un traitement par ALK-001 la 2° année.

Résultats :

La croissance de l’atrophie était ralentie chez les patients traités. La racine carrée du taux de croissance des zones atrophiques était diminuée de 21% chez les patients traités comparé aux patients témoins (p<0,001). En regardant les zones nouvellement atrophiques, le taux de croissance était diminué de 28% dans le groupe traité.

L’acuité visuelle était stable dans les deux groupes à 2 ans, mais on attend les résultats à plus long terme.

Pas d’effets secondaires à 2 ans, pas de cécité nocturne, ni de mauvaise adaptation à l’obscurité, ce qui était la principale crainte de cette étude. Pas de problème hépatique.

L’équipe de Hendrick Scholl va maintenant inclure des patients moins atteins.

Étude Perceive: Luxturna à 2 ans

PERCEIVE study report: Real-world safety and effectiveness of voretigene neparvovec

ARVO 2022 communication orale Dimanche 1° mai 3:02 PM – 3:19 PM MDT

M Dominik Fischer et al.

On retrouve le Voretigene Neparvovec (VN), autrement appelé Luxturna, que nous avions déjà vu à l’ARVO en 2019 (ARVO 2019 – D’après Rudnick N et al., abstr. 3397).

le principe:

Ce traitement s’adresse aux patients souffrant d’une altération sur leurs 2 chromosomes codant pour RPE65. Lorsque la lumière frappe les photorécepteurs, un dérivé de la vitamine A (11-cis rétinal) devient trans-rétinal. Cette conversion génère un signal électrique à l’origine de la perception lumineuse. La protéine RPE65 permet ma restauration du 11-cis rétinal, et la permanence de la perception lumineuse.  Une anomalie de cette protéine mène progressivement à la cécité, par accumulation de trans-rétinal, et déficit en 11-cis rétinal. Parmi ces pathologies, la plus fréquemment associée est la maladie de Leber.

On se souvient qu’à l’époque, 13 des 20 patients de l’étude avaient eu leur perception lumineuse améliorée suffisamment pour passer un parcours d’obstacle éclairé à 1 lux, ce qui correspond à la lueur d’une bougie, et qui était le maximum espéré pour cette étude.

l’étude:

Cette nouvelle étude, Perceive, est une étude « de vraie vie » de tolérance, multicentrique, longitudinale (prévue pour durer de 2019 à 2029). Le suivi sera intense durant les 5 premières années de l’étude.
Le recueil d’effets secondaires est le critère principal de cette étude. Les critères secondaires sont l’évolution de l’acuité visuelle, et la surveillance des éventuelles grossesses.

Résultats à 2 ans :

Jusqu’à août 2021, 103 patients ont été traités. Age moyen : 19,5 ans, 52 femmes (50,5%), le suivi moyen était de 9,6 mois.

35 patients ont signalé un effet secondaire oculaire, dont la moitié (n=17) un effet secondaire sévère.

  • Atrophie chorio-rétinienne (n=13) au site d’injection ou ailleurs…

Cette atrophie est maintenant reconnue comme un effet secondaire du VN, sans incidence sur l’acuité visuelle, pour l’instant.

  • Atteinte fovéolaire (n=4)
  • Inflammation vitréenne (n=4) dont 1 sévère
  • Déchirure rétinienne (n=2)
  • Hypertonie oculaire (n=5) dont 1 HTO sévère

8 patients ont eu des effets secondaires non oculaires, dont:

  • Maux de tête (n=4)
  • 1 épisode aigu psychiatriques, chez un patient ayant des antécédents connus

La fonction visuelle a été améliorée en continu au cours de l’étude.

Les auteurs concluent que la tolérance est bonne, et l’efficacité satisfaisante, ce qui est concordant avec les résultats de l’étude publiée en 2019. L’étude de tolérance continue.

amélioration visuelle en Logmar