Autour de l'ophtalmologiste : une équipe

DMLA : un travail d’équipe

Grille d'Amsler : mode d’emploi : tester un œil après l'autre, à 30 cm, en fixant le rond noir central, les lignes droites doivent être vues droites et non ondulées, aucune tache sombre ne doit apparaître. Attention cette illustration n'est pas en vraie grandeur et ne constitue pas un dépistage fiable.

Le 21 mars 2014

La DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge) : un problème de santé publique

La DMLA touche à des degrés divers plus d’un million de personnes en France, mais selon les études publiées lors de la Société Française d’Ophtalmologie, le nombre des patients atteins est en augmentation et pourrait atteindre 3 millions de personnes en 2020.. C’est la principale cause de mal-voyance des personnes de plus de 50 ans.
Elle ne conduit pas à une cécité totale mais à la perte de la partie centrale du champ de vision qui est la zone de vision fine qui nous donne 10/10°.

Elle apparait classiquement après 60 ans, même s’il y a quelques cas précoces commençant vers 50 ans, et sa fréquence augmente avec l’âge jusqu’à atteindre 1 personne sur 2 à 80 ans.

Un examen systématique du fond d’œil  lors des consultations pour presbytie après 50 ans est nécessaire. Il doit être fait par un ophtalmologiste.

Quand consulter ?

Le traitement de la maladie est d’autant plus efficace qu’il est précoce. En dehors du dépistage systématique lors des consultations chez un ophtalmologiste, un auto-examen peut permettre un diagnostic précoce.

La plupart du temps, un seul œil est atteint au début. Il faut donc tester sa vision en cachant un œil après l’autre.
On peut percevoir un ou plusieurs troubles de la vision, et ce malgré le port de ses lunettes de vue :

  •  des déformations de l’image et/ou
  • des zones effacées et/ou
  • une tache noire au grise dans la partie centrale du champ de vision.
  • au début, cela peut être des symptômes banals comme des difficultés pour conduire le soir
  • une sensation de mauvais éclairage ou
  • l’impression d’une écriture partiellement effacée

Ces symptômes peuvent être ceux d’une cataracte, d’une DMLA, ou d’une simple presbytie. Seul un examen chez un ophtalmologiste permettra de faire le diagnostic.

Le dépistage et l’auto-surveillance

Qu’il y ait ou non des symptômes, un examen systématique du fond d’œil permet de dépister les sujets à risque, et les patients atteins de DMLA.

Une fois le sujet à risque (ou le patient) dépisté, il est important que le sujet s’astreigne à une auto-surveillance pour consulter dès les premiers signes d’aggravation. On peut se baser sur un réveil ou une horloge que l’on voit tous les jours, un journal que l’on lit tous les jours. Une baisse d’acuité visuelle doit alerter. On peut regarder les lignes droites des bords d’une porte, d’une balustrade, de poteaux dans la rue pour évaluer l’un des symptômes de la DMLA : la vision des lignes droites est-elle déformée? Mais on peut surtout s’aider d’une grille d’Amsler.

grille d'Amsler

Demandez ce test à emporter auprès de votre ophtalmologiste : ce test doit être absolument réalisé un œil après l’autre. Avec vos lunettes de vue de près, il faut se placer en vision de près (30 cm), et cacher totalement l’œil non testé, puis fixer le rond noir central. Les lignes droites doivent être vues et demeurer droites (pas ondulées), aucune tache sombre de doit apparaître dans le champ visuel.

Attention, ce test n’est interprétable que s’il montre une anomalie, et il faudrait alors consulter rapidement. Si ce test ne met pas en évidence d’anomalie, cela ne signifie pas pour autant que l’œil est en bonne santé, seul un contrôle médical régulier chez votre ophtalmologiste permet un dépistage rigoureux. Les actions de dépistage ne peuvent être faites que par des ophtalmologistes.

La rééducation

La rééducation et la réadaptation fonctionnelle sont des aides précieuses pour la vie des patients atteints de DMLA sévère.

Elle est assurée par un orthoptiste spécialisé. Elle consiste pour le patient à développer un point de fixation de suppléance : Le centre du champ de vision étant défaillant, l’objectif est d’apprendre au patient à regarder « en décalé » grâce à son champ de vision net para-central. C’est-à-dire observer, fixer, regarder avec une zone du champ de vision saine, à côté du champ de vision central habituel qui est déficient.

Grâce à des exercices visuels et un entrainement quotidien, le patient arrive à exploiter son champ de vision différemment. La capacité du cerveau à s’adapter à cette nouvelle façon de voir est bonne. Mais la rééducation de basse vision est longue et difficile. La difficulté est d’ordre psychologique : la motivation du patient doit dominer son éventuelle difficulté à accepter sa perte de vision.

Le rôle de l’opticien

Dans les stades précoces de la maladie, l’opticien peut aider à choisir des verres adaptés aux difficultés de fixation : plutôt à simple foyer que progressifs. Il peut aussi proposer des teintes qui aident à améliorer la vision des contrastes. Enfin pour les stades évolués, il peut proposer des aides visuelles : loupes, télé-agrandisseurs …

Une prise en charge globale

Les résultats seront optimaux dans le cadre d’une prise en charge globale du patient : médecin ophtalmologiste, orthoptiste, et opticien.

En synthèse, pour mieux comprendre, chacun de ces 3 acteurs assure des missions essentielles et complémentaires pour optimiser la vision du patient. Ces actions doivent être conjointes, et sont simultanées :

•          le médecin ophtalmologiste assure le dépistage précoce, le diagnostic et la prise en charge de la maladie, puis il initie la prise en charge globale du patient

•          l’orthoptiste assure la rééducation et la réadaptation fonctionnelle : il apprend au patient à exploiter son champ de vision net résiduel ; il est également un acteur de prévention : il veille sur les risques psychologiques (dépression), sur les risques physiques (perte d’autonomie et de mobilité), et sur l’accompagnement social du patient.

•          l’opticien lunetier spécialisé en basse vision assure les essais et l’équipement en aides visuelles : systèmes optiques adaptés au cas par cas

 

Pourquoi ce parcours global est-il important ?

L’ophtalmologiste, par ses traitements s’efforcera de diminuer la taille du scotome (tache noire au centre de la vision), qui gêne la fixation et la lecture. C’est pourquoi il est essentiel d’être sérieux, et de suivre les recommandations de l’ophtalmologiste.

Mais si la rééducation est faite sans une aide visuelle adaptée, elle sera d’autant plus difficile et démotivante. A l’inverse, si le patient achète une aide visuelle optique sans suivre de rééducation basse vision, le bénéfice perçu sera très modéré. En effet, dans le cas où le patient ne peut pas lire à cause d’un scotome central,  le système optique ne ferait que grossir ce scotome !

Dans les deux cas, le patient n’arrivera pas à lire.