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Interprétation de l’imagerie

Le 28 octobre 2018

  • L’OCTA et l’analyse des épaisseurs en OCT-B

Nous avons eu deux conférences (entre autres) sur l’apport de l’OCT-A dans la compréhension des pathologies rétiniennes.

Une première conférence de R. Spaide s’est attardée sur les similitudes évolutives entre la maculopathie des diabétiques, et l’atteinte centrale des glaucomes. C’est ce qu’il a appelé l’imagerie de l’unité neuro-vasculaire.

La macula a des couches de vaisseaux, des cellules gliales (comme les cellules de Müller), et des couches de neurones : photorécepteurs, bipolaires, et cellules ganglionnaires.
Il a présenté une étude sur 89 yeux de 49 patients : 20 témoins, 15 diabétiques et 14 glaucomateux. Pour chaque patient, il y a eu un examen en OCT classique, en OCT en face, et en OCT-A

Il a retrouvé des corrélations entre la densité vasculaire du nerf optique et de la macula, et entre l’épaisseur de la couche des cellules ganglionnaires, et des RNFL (Retinal Nerve Fiber Layer).
Ces corrélations sont statistiquement significatives.

Les glaucomateux et les diabétiques ont tous les deux un amincissement de la couche des cellules ganglionnaires, et une diminution de la densité vasculaire rétinienne. Le glaucome a un amincissement premier des RNFL, et des atteintes vasculaires radiaires des papilles.

Des exemples nous ont permis de différencier un glaucome et un diabète sur un examen en OCT-A, en fonction de la disposition des vaisseaux. La question posée est celle du remodelage vasculaire : est-il causal ou secondaire aux altérations neurologiques dans ces pathologies ? Une petite aide de l’intelligence artificielle serait la bienvenue.

  • Les points hyper-réflectifs

En revenant sur l’OCT classique, ou OCT-B, U. Schmidt-Erfurth a attiré notre attention sur les points hyper-réflectifs, si joliment décrits par monsieur Coscas. Ces points, volontiers situés dans la rétine externe, (seuls 10% sont dans la rétine interne) sont des marqueurs de la souffrance des photorécepteurs. En fonction de leur topographie, ils doivent nous alerter sur le passage d’une maculopathie liée à l’âge (MLA) à une dégénérescence (DMLA, que celle-ci soit néovasculaire ou atrophique).
En fait ces points hyper-réflectifs convergent sur les bords des futures zones d’atrophie. En cas de passage à une forme néovasculaire, ils sont plus rarement présents, et plus dispersés.

  • Les néovaisseaux et l’OCT-A

Enfin D. Sarraf nous a fait une très belle communication sur l’intérêt de l’OCT-A à long terme. Finalement, pour savoir si l’on doit retraiter, les signes exsudatifs à l’OCT-B suffisent. Par contre, l’évolution des néovaisseaux est intéressante à suivre de façon linéaire pour prévenir notre patient de son pronostic visuel. Probablement que l’intelligence artificielle pourra nous aider à confirmer ce que nos intuitions nous soufflent.

Les membranes néovasculaires croissent de 0,30 mm² par an… mais il faut distinguer :

  • Les formes immatures : à peine discernables au milieu des capillaires rétiniens
  • Les formes matures, en éventail
  • Les formes hyper-matures, où ne persistent que de gros vaisseaux

Au-delà de cette évolution de tous néovaisseaux, il y a les croissances rapides (avec doublement de surface d’un examen à l’autre) les croissances faibles, et même les régressions.

Enfin, les néovaisseaux peuvent se présenter de façon symétrique, asymétrique, ou avoir une extension en doigt de gant.

Ces différences sémiologiques sont importantes à connaître et à documenter pour pouvoir affiner la prise en charge de nos patients.