Les mitochondries, une nouvelle cible thérapeutique pour la DMLA
Edito ARVO 2018 du 02/05/2018
Dr. Isabelle Aknin
Abstract : 341 – Poster : A0001
Auteurs: Jorge Ricardo Polanco et al.
Une équipe de biologie moléculaire de Minneapolis (Minnesota, USA) a étudié les mitochondries des cellules de l’épithélium pigmentaire (CEP)
Il est connu que les CEP des patients atteins de DMLA souffrent. Cette équipe s’est intéressée au fonctionnement des mitochondries de ces cellules, à partir de cultures cellulaires d’yeux de « donneurs » atteins de MLA et DMLA.
Les patients décédés étaient classés en 4 stades, selon la classification du Minnesota (eh oui, ils ont leur propre classement !!!).
- Stade 1 : il n’y a rien
- Stade 2 : quelques drusen (MLA précoce)
- Stade 3 : Drusen séreux et altérations de l’EP, que l’on peut appeler pré-DMLA
- Stade 4 : DMLA avérée, avec néovaisseaux dans leur exemple
Dans leur étude, il y a 10 témoins, 12 donneurs au stade 2, et 12 yeux au stade 3. (Entre 48 et 103 ans !)
Ils ont étudié les protéines qui régulent la fonction des mitochondries. Beaucoup de protéines diminuent parallèlement à la progression de la maladie.
Ils ont trouvé une diminution de l’activité mitochondriale (biogénèse, fusion, autophagie) dans les CEP au stade 3 (pré-DMLA) statistiquement significativement plus importante que la diminution observée au stade 2 (précoce), et bien sur une diminution d’activité par rapport aux témoins.
Un autre poster de la même équipe évoque le rôle des mitochondries :
Abstract : 345 – Poster : A0005
Auteurs : Cody Ronald Fisher et al.
Dans ce travail, ils ont cherché la relation entre activité mitochondriale et stress oxydant. Ils ont traité les cultures de CEP issues des mêmes donneurs MLA, plus un groupe de témoins (non MLA) sans MLA, avec du peroxyde (ou pas) pour générer un stress oxydant.
Les deux populations de cellules ont une diminution de leur activité mitochondriale sous stress oxydant, mais les CEP des témoins sont moins impactées, et récupèrent plus vite que les cellules des donneurs MLA, quel que soit leur stade.
Abstract Number : 5344
Auteur : Ian A. Trounce
Une communication de ce jeudi propose une mise en pratique de ces données théoriques. Cet auteur propose de mener une vie « saine ». L’idée est de se méfier des excès :
- Respirer profondément (Yoga)
- Faire de l’exercice physique pour favoriser l’oxygénation, mais de façon régulière et modérée. (Pas de marathons)
- Pas d’excès alimentaires (il propose d’être plutôt en déficit calorique léger), mais pas de jeûne non plus
- Certains compléments alimentaires (régulateurs de méthylation) pourraient améliorer le métabolisme de nos cellules… Et de nos mitochondries, mais il n’y a pas encore u d’étude épidémiologiques ou d’intervention sur ce sujet. L’auteur nous engage à être prudents quant à ces indications pour l’instant.
Ces conseils seraient aussi utiles pour les glaucomateux, car l’exercice physique modéré, par exemple limiterait l’atteinte des cellules ganglionnaires après hypertonie oculaire. Attention pour le yoga, il s’agit de respiration, les postures sur la tête sont formellement contre-indiquées dans les glaucomes chroniques à angle ouvert.
Gardez vos mitochondries en forme !
