Compte rendu du 26 février

Le 3° jour de la Macula Society a été marqué par l’arrivée en force de l’OCT-angiographie (ou OCT-A), en complément de l’OCT-B, classique, et de l’OCT-C, ou OCT en face)

Isabelle Aknin

Le 27 février 2016

Cette nouvelle technique d’imagerie va nous permettre d’affiner nos diagnostics et nos suivis, mais sans pour autant faire disparaitre les autres examens d’imagerie. Il faut comprendre que c’est une technique complémentaire, et non une technique de substitution. Retenons que cette imagerie ne permet, pour l’instant, d’examiner que le centre de la macula. L’angiographie garde sa place pour tout ce qui concerne la périphérie

Parmi les belles présentations de ce matin, nous retiendrons :

Dans les occlusions veineuses, Robert Johnson a montré que l’OCT-A permettait de mettre en évidence les ruptures de la zone avasculaire centrale (ZAC), les micro-anévrysmes (en cherchant la coupe qui passe par eux) les logettes d’œdème maculaire cystoïde (OMC), confirmées par l’OCT-C (en face).
Toutes les modifications vasculaires ne sont pas visibles en OCT-A : par exemple les micro-anévrysmes à basse perfusion ne sont pas visualisés. A noter que pour les Occlusions Veineuses, Florence Coscas a retrouvé (et publié) une relation entre les altérations du lit capillaire central en OCT-A et la présence d’une ischémie rétinienne périphérique en angiographie. Une interruption de la couronne péri-fovéolaire impose donc de faire une angiographie en grand champ.

Emmett Cunningham a montré l’intérêt de l’OCT-A en cas de CRSC du sujet âgé. Un décollement de l’épithélium pigmentaire irrégulier doit faire rechercher des néovaisseaux occultes (Type 1). Dans ces cas, on peut retrouver un hyper-signal, pouvant évoquer une membrane néovasculaire. Pour différencier une membrane néovasculaire et un artefact, il faudrait faire ICG avec des temps tardifs. Eliana Costanzo (Créteil) avait retrouvé 24,2% de néovaisseaux dans une série de CRSC passées au crible de l’OCT-A. Ce résultat a été confirmé par d’autres études. Au contraire des DEP irréguliers, les DEP réguliers dans les CRSC ne sont en général pas associés à des néovaisseaux.

artefact de NVCPour ce qui concerne la dystrophie pseudo-vitelliforme, qui peut être aussi compliquée de néovaisseaux, le Professeur Coscas a identifié un hyper-signal correspondant aux néovaisseaux. Comment différencier cet hyper-signal et un artefact ? Le professeur coscas a insisté sur la possibilité d’image de superposition des lits superficiels et profonds qui peuvent reconstruire une image en pelote qui mime des néovaisseaux. Mais il a trouvé un signe différentiel des néovaisseaux : dans des images couplées OCT-A/OCT-B, on note l’absence complet d’ombrage à la face postérieure de l’hyper-réflectivité de l’OCT-B, correspondant sur l’image OCT-A à l’hyper-signal. L’hyper signal des néovaisseaux en OCT-A se continue en profondeur. En cas d’ombrage, il faut plutôt penser à une accumulation de matériel (malheureusement présente dans les dystrophies pseudo-vitelliformes de l’adulte).

Andreas Lauer a présenté un prototype d’OCT-A qui, grâce à un processus d’élimination d’artefact avec une meilleure résolution de l’image, permet de voir non seulement les 2 lits capillaires superficiel et profond, mais aussi le lit capillaire intermédiaire, comme décrit histologiquement au niveau maculaire. L’utilisation de ce prototype pour des cas d’œdèmes maculaires diabétique a permis de montrer une variabilité d’atteinte des 3 lits capillaires rétiniens.

Richard Spaide a montré de belles images en 3D avec la localisation des logettes d’œdème maculaire cystoïde qui rechutent toujours au même endroit. Ce sont des zones d’altération de la densité capillaire. Le professeur Gaudric a d’ailleurs montré dans les œdèmes maculaires cystoïdes, que la densité des capillaires est réduite, et qu’elle ne se normalise pas après traitement. Dans les formes sévères, le plexus capillaire profond est pratiquement indétectable après la résorption de l’œdème. Il y a 70% de perte de densité comparé à la densité d’un œil normal. Dans les formes moins sévères, la densité capillaire est moins atteinte.

Enfin, pour finir le chapitre de l’OCT-A, la « young investigator lecture » a été cette année confiée au professeur Eric Souied qui nous a présenté ses travaux sur l’analyse des néovaisseaux en OCT-A, et en particulier les différentes morphologies de ces néovaisseaux. Il a montré de très belles images en 3D de la vascularisation rétinienne maculaire dans différentes pathologies. Young Investigator à 49 ans! un beau moment 🙂