Similarité et efficacité des biosimilaires.

Les biosimilaires sont-ils toujours similaires en efficacité et en tolérance à la molécule originelle ?

Le 6 novembre 2023

Les autorités sanitaires se contentent d’une étude comparative de 2 mois sur des cas de DMLA pour valider un biosimilaire. Nous pouvons nous poser des questions sur la validité à long terme de ces biosimilaires. Susan Bressler a présenté une étude sur 1 an d’un biosimilaire de l’Aflibercept 2 mg avec de bons résultats pour nous rassurer. 

 

Voici la communication de Susan Bressler sur le sujet, le premier jour de l’American Academy.

 

Les agents biotechnologiques sont produits par des cultures cellulaires, rigoureusement surveillées.

En dehors de la séquence du gène, peu de choses sont rendues publiques dans la production des agents biotechnologiques.
Les fabricants de biosimilaires doivent donc tout réinventer.

Un biosimilaire est très différent d’un générique.
Un générique est une copie exacte d’une molécule relativement simple, pouvant être produite par réaction chimique dans un tube à essai.
Un biosimilaire est une molécule protéique complexe, qui ne peut être produite que par des organismes vivants. C’est donc produit par des cultures cellulaires : que ce soit des bactéries comme Escherichia coli ou des cultures de cellules de mammifères comme des cellules d’ovaires de hamster chinois.
La structure d’un biosimilaire peut être légèrement différente de celle de la molécule qu’il essaye de copier.

L’une des particularités de la validation des biosimilaires est qu’il n’est pas nécessaire de faire plusieurs études par pathologie.
Les autorités sanitaires se contentent d’une seule étude faite sur une seule pathologie, en l’occurrence la DMLA.
De plus, ils peuvent valider l’utilisation du biosimilaire sur des résultats à deux mois pour l’acuité visuelle et 1 mois pour l’amélioration de l’épaisseur maculaire centrale.

Ces études sont des études de non-infériorité par rapport aux princeps.

Bien évidemment cette validation express sur une seule étude en 2 mois diminue fortement les coûts comparé aux Princeps où sont exigés :

  • De plusieurs études préliminaires,
  • puis phase 1
  • phase 2
  • 2 études distinctes de phase 3, ayant une durée d’au moins 2 ans

De plus, à partir du moment où un biosimilaire est validé pour la DMLA en 2 mois, les autorités sanitaires en acceptent la validation pour toutes les pathologies avec néovascularisation rétinienne. (OVR, diabète, myopie…)

Un exemple de bio similaire qui a été présenté est celui de SB 15 (Samsung Bioepsis) : un bio similaire d’Aflibercept

Dans cette étude, il y a eu trois injections mensuelles, suivies d’un rythme bimensuel.

  • 224 patients ont été inclus dans le groupe SB15
  • 225 patients ont été inclus dans le groupe Aflibercept

L’évaluation de SB 15, par les autorités sanitaires, a été faite au bout de deux mois, au moment de la troisième injection.
À cette date, le groupe Aflibercept a gagné 6,6 lettres et le groupe SB 15, 6,7 lettres.
Comme la différence d’acuité visuelle est minime, cela a suffi pour la validation par la FDA.
Mais l’étude a été poursuivie durant un an.

Au bout de six mois, les patients sous Aflibercept ont été pour moitié switchés à SB15 (111 et 104 patients).
Les résultats sont satisfaisants :

  • Les acuités visuelles sont semblables dans tous les groupes à six mois et à 1 an
  • De même l’épaisseur maculaire centrale est semblable dans tous les groupes
  • La tolérance est semblable
  • L’incidence d’anticorps anti-drogue est nulle dans tous les groupes

 

La conclusion est que l’efficacité et la tolérance est la même entre les princeps et les biosimilaires.

Nous pouvons cependant nous poser quelques questions :

Que se passe-t-il au-delà d’un an ?
Que se passe-t-il si l’on traite les patients non pas en régime fixe, mais en Treat and Extend comme c’est maintenant la norme.
Que se passe-t-il si on change de marque de biosimilaire en cours de traitement ?
Ne risque-t-on pas à un moment de voir apparaître des anticorps anti-drogue ?

Aux USA deux biosimilaires de Ranibizumab (Byooviz, Samsung Bioepsis; Cimerli, Coherus Biosciences) ont été validés par la FDA pour la DMLA.
D’autres biosimilaires d’Aflibercept et de Bevacizumab sont en cours d’évaluation.
Tous ces biosimilaires devraient permettre un traitement d’une masse de patients à faible coût.
Mais la situation aux USA où les praticiens revendent les produits qu’ils injectent (ils ont intérêt à utiliser le moins cher) est bien différente de notre situation.

 

Quel est l’intérêt du patient ?

Ne devrait-on pas s’intéresser plutôt aux molécules dont les études montrent une amélioration du service rendu, comme Faricimab ou Aflibercept 8 mg ?

Notons que le Brolucizumab n’a pas été cité lors de ces journées de Subspeciality Days.