Des cellules souches à l'épithélium pigmentaire

Greffe de cellules souches et DMLA

Nouveautés 1° trimestre 2018

Le 15 avril 2018

Lundi 19 mars 2018, une équipe de chercheurs a annoncé avoir restauré une partie de la vision de deux patients atteints de DMLA néovasculaire à un stade très évolué, avec des implantations de cellules souches.
Cette étude a été publiée dans un article de Nature Biotechnology (1) qui rapporte le cas des deux premiers patients atteins de DMLA néovasculaire « dépassée », inclus dans une étude de phase 1.

Méthode:

Cette étude est portée par le London Project to Cure Blindness (Projet londonien pour guérir la cécité) qui, partant du principe que l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) a un rôle central dans la physiopathologie de la DMLA, a utilisé des cellules souches embryonnaires pour les faire évoluer vers des cellules de l’EPR. Cette culture cellulaire monocouche est ensuite placée sur un patch synthétique (polyester recouvert de vitronectine) et insérée sous la rétine pour remplacer les cellules endommagées. Un instrument de microchirurgie a été dessiné pour cet usage. Une immunosuppression locale (et locale uniquement) a été ensuite utilisée, car les cellules souches étaient exogènes : ce ne sont pas des cellules souches issues du patient lui-même.
Les patients sont des volontaires britanniques malvoyants, ici un octogénaire et un sexagénaire. Le patch a été inséré dans l’un des deux yeux de ces deux premiers patients.
L’objectif primaire est l’absence d’effets indésirables, et la proportion de patients gagnant au moins 15 lettres. Les effets secondaires possibles, avec l’insertion de cellules souches ayant une forte capacité à proliférer et à se renouveler, et donc à donner naissance à n’importe quel type cellulaire, un risque d’évolution vers des cellules cancéreuses.

Résultats:

Le rétablissement a été spectaculaire, a expliqué l’hôpital de Moorfields à Londres dans un communiqué. Non seulement la greffe de jeunes cellules de l’EPR a survécu, comme prouvé par les images OCT, mais il y a eu de plus un gain de respectivement 29 et 21 lettre à 12 mois. En vision de près, les patients sont passés de l’incapacité à lire, même avec une correction optique, à une capacité à lire 60 à 80 mots par minute avec des lunettes de lecture ordinaires. Ce résultat est le plus spectaculaire.

La suite:

Ce travail montre, même s’il est toujours expérimental, la faisabilité et la sécurité de patch de greffes de cellules de l’épithélium pigmentaire, et l’éventuelle application de cette technique à la DMLA, fût-elle évoluée. C’est un résultat très intéressant pour nos patients dont le stade est dépassé, des patients qui sont devenus dépendants. Espérons que la suite de cette étude de phase 1 confirme ces deux premiers résultats.
D’autre part, l’œil est un organe intéressant pour surveiller les greffes de cellules souches, car il s’agit d’un organe facile à surveiller, et où les cellules implantées pourraient être facilement accessibles pour une « marche arrière » en cas de complication de type néoplasique.

(1) Phase 1 clinical study of an embryonic stem cell-derived retinal pigment epithelium patch in age-related macular degeneration.
Da Cruz L., et al.
Nat Biotechnol. 2018 Apr;36(4):328-337. doi: 10.1038/nbt.4114. Epub 2018 Mar 19.