L'essentiel de l'inflammation oculaire en 2019

International Ocular Inflammation Society 2019

Le 15ème congrès de la société internationale d’inflammation oculaire (IOIS) s’est déroulé du 13 au 16 novembre 2019 dans la magnifique ville de Kaohsiung située dans le sud de Taiwan, et a vu la participation de plus de 600 médecins venus de plus de 30 pays à travers le monde.

Le 9 décembre 2019

L’IOIS est une société résidée par le Pr Bahram Bodaghi qui regroupe les meilleurs spécialistes internationaux de l’inflammation oculaire, et exerce un impact considérable dans le domaine de l’inflammation oculaire, notamment à travers sa revue « the journal of Ophthalmic inflammation and infection »

 

Le programme était très dense, et les sessions se sont déroulées sur 4 salles.

Il fallait donc sélectionner les meilleures présentations et sauter d’une salle à une autre, pour vous concocter ce « best of IOIS 2019 ».

 

  1. Le Dr Francesci PICHI a parlé des avancées de l’imagerie dans l’inflammation oculaire et en particulier l’analyse de la perfusion de l’iris par l’OCT-A, qui semble augmenter de manière significative et proportionnelle avec le degré d’inflammation oculaire. Il a démontré que la densité vasculaire de l’iris mesurée à l’OCT-A est proportionnelle à la densité cellulaire de la chambre antérieure.
    L’OCT-A de l’iris peut donc être utilisé dans le cadre de la surveillance des patients atteints d’uvéite antérieure.

 

  1. Le Dr Soon-Phaik CHEE a présenté une belle mise au point sur les précipités rétro-cornéens (PRC) en analysant leur taille, forme et distribution selon l’étiologie infectieuse ou non infectieuse. Les PRC d’origine infectieuse sont le plus souvent pigmentés (surtout les causes virales), situés dans la moitié inférieure, et d’aspect dendritiforme ou infiltrant.

 

 

  1. Le Dr John KEMPEN a présenté une mise au point sur le risque de cataracte lors des uvéites antérieures. La cataracte reste une complication fréquente de l’uvéite antérieure. Les synéchies postérieures augmentent significativement le risque de développement d’une cataracte. Les autres facteurs de risque sont représentés par l’âge, l’intensité de la réaction inflammatoire de la chambre antérieure, et la durée et le mode d’administration du traitement corticoïde (Topique, latérobulbaire). Les auteurs ont souligné l’importance d’une gestion judicieuse de l’inflammation et du traitement corticoïde anti-inflammatoire pour éviter l’apparition d’une cataracte précoce.

 

  1. Le Pr Moncef KHAIRALLAH de Monastir (Tunisie) a présenté une mise au point exhaustive sur l’apport de l’OCT-A dans les vascularites rétiniennes. L’OCT-A peut s’avérer très utile dans certaines pathologues telles que la maladie de Behcet. La tuberculose, la sarcoïdose, la toxoplasmose, la rétino-choroïdite de Birdshot, le lupus et le syndrome de Susac.
    Elle peut être supérieure à l’angiographie à la Fluoresceine pour détecter les territoires d’ischémie rétiniennes, notamment au niveau du plexus profond qui est souvent plus sévèrement touché que le plexus superficiel. Cependant à l’angiographie à la Fluoresceine reste nécessaire pour l’analyse de l’extrême périphérie et surtout de l’activité inflammatoire à travers l’intensité des diffusions vasculaires.

 

  1. Le Professeur Bahram BODAGHI, a parlé de la prise en charge uvéites associées aux arthrites juvéniles idiopathiques (AJI), à travers différents essais cliniques en particulier les études SYCAMORE et ADJUVITE toutes les deux multicentriques, randomisées et en double insu. Ces deux études ont démontré l’efficacité de l’adalimumab versus placebo, dans la réduction de l’inflammation intraoculaire.

 

Dans ses conclusions, le Professeur BODAGHI a insisté que la prise en charge des uvéites associées aux AJI doit être multidisciplinaire, et le suivi étroit et strict. Il ne faut pas tolérer le moindre signe inflammatoire, et assurer une gestion rapide des complications.

 

  1. Le Docteur Sofia ANDROUDI a parlé du glaucome secondaire aux uvéites. Cette complication peut se voir dans près de 19% des cas.

L’hypertonie peut avoir plusieurs mécanismes et qui peuvent co-exister : cortico-induite, inflammation du trabéculum, fermeture de l’angle par des synéchies, résistance à l’écoulement par augmentation de la viscosité de l’humeur aqueuse induite par les protéines inflammatoires. L’hypertonie peut être fluctuante avec des pics souvent très élevés, et touche souvent les sujets jeunes.

Les uvéites associées à un haut risque de glaucome sont les uvéites virales (HSV, VZV, CMV, Rubéole), le syndrome de Posner-Schlossman, la cyclite hétérochormique de Fuchs, les uvéites antérieures chroniques associées aux AJI. Dans ces uvéites, l’hypertonie peut être très importante, récalcitrante et peut évoluer vers un glaucome sévère nécessitant une chirurgie filtrante.