De l'autre côté du miroir

Interview du Dr Isabelle Aknin, ophtalmologiste et présidente d’ARMD

Ophtalmologiste spécialiste des pathologies rétiniennes, présidente d'ARMD, organisatrice du congrès ARMD, et passionnée par la transmission des savoirs, rencontre avec le Dr Isabelle Aknin.

Le 26 juillet 2023

Le Dr Isabelle Aknin est ophtalmologiste, spécialiste de la rétine. Passionnée par son métier, Isabelle est aussi un « passeur » ; un goût pour la transmission qui se traduit de multiples façons : fondatrice et présidente de l’association ARMD, organisatrice du congrès ARMD, formatrice, reporter lors des congrès internationaux, auteure d’articles scientifiques, éditrice d’une newsletter mensuelle, etc. Interview en 5 questions.

 

Vous êtes ophtalmologiste, spécialiste des pathologies rétiniennes. Pourquoi ce choix de carrière, pourquoi ce choix de spécialité ?

Isabelle Aknin. J’ai fait Médecine pour comprendre comment fonctionnait le corps humain.

J’ai fait Ophtalmologie, parce que les yeux c’est très beau. Parce que la spécialité offre des possibilités de carrière multiples. J’ai moi-même beaucoup fait de cataractes, je me suis beaucoup occupée de glaucome, j’ai commencé en faisant un peu de strabologie à Nantes et de la chirurgie esthétique.

Je suis devenue rétinologue après avoir travaillé avec le professeur Coscas. A ses côtés, définir un diagnostic s’apparentait à résoudre une enquête criminelle. Il fallait tout d’abord analyser la scène de crime, la rétine, puis recueillir les indices permettant d’identifier le coupable en analysant son mode d’action afin de le neutraliser.

Traiter les rétines a occupé tout mon temps à partir de 2005, et l’émergence des anti-VEGFs.

Depuis que beaucoup de confrères savent gérer des pathologies rétiniennes, cela m’occupe moins de temps, et je suis revenue à mes premières amours et à la chirurgie esthétique. 

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans le contact et la relation avec vos patients ?

Isabelle Aknin. Je comprends qu’avoir des problèmes de vue puisse être extrêmement stressant, surtout dans notre monde qui devient de plus en plus visuel avec la prépondérance des écrans.

Aussi lorsque j’arrive à restaurer une fonction visuelle, je me sens vraiment utile. J’ai aussi à coeur d’expliquer aux patients ce qui leur arrive pour en faire des partenaires de la relation thérapeutique. 

Vous avez créé ARMD et le congrès en 2008. Quel a été l’élément déclencheur de cette double création ?

Isabelle Aknin. J’ai commencé à faire des congrès dans les Alpes-Maritimes en 2004, avec les professeurs Coscas et Soubrane, car il n’y avait à l’époque aucun congrès sur les pathologies rétiniennes dans le département. Ces premières réunions étaient financées par un laboratoire que je ne citerai pas, mais qui changeait le titre du congrès, le programme, voire mettait la main sur le contenu de ce qui était dit. Cela m’est apparu incompatible avec mon objectif d’information impartiale, c’est pourquoi je suis allée chercher le docteur Melki, chirurgien dans ma clinique, pour faire une association au financement de laquelle les laboratoires pouvaient participer, sans toutefois intervenir sur le contenu. La multiplicité des laboratoires assurait notre indépendance. 

Qu’est-ce qui motive votre implication, votre engagement à la tête d’ARMD ?

Isabelle Aknin. Je fais ce congrès, je pense, à mon image, sérieux et festif en même temps. Pour bien travailler, il faut savoir se divertir. Je n’organise pas un congrès, je reçois des confrères-amis.  

Le congrès ARMD permet, entre autres, d’informer sur les innovations, les recherches en cours, etc. Vous participez également à des congrès et salons dans le monde entier afin de conserver une « longueur d’avance » et d’informer vos confrères. Qu’est-ce qui anime cette « soif de savoir et d’informer » ?

Isabelle Aknin. Comme je le disais, je fais ce métier pour comprendre comment ça fonctionne, et je découvre hélas que les choses ne sont jamais simples, et qu’il reste toujours des couches et des couches de savoir à explorer. C’est pourquoi je lis, et je parcours les congrès pour avoir l’occasion de poser des questions directement aux auteurs des articles. Ensuite, je trouve que c’est un tel effort de conceptualiser simplement les choses, que si je peux en faire bénéficier mes confères, et leur apporter sur un plateau le fruit de mon travail, j’espère que cela simplifie la vie de tout le monde.

D’ailleurs, si quelqu’un pouvait faire la même chose en cornée, en glaucome, en neuro-ophtalmologie …

Innovant par nature, le domaine de l’ophtalmologie n’en finit pas d’évoluer. Quelle pourrait être selon vous l’innovation, voire la révolution, qui pourrait voir le jour d’ici 5 ans ?

Isabelle Aknin. Il y a deux axes qui évoluent à grands pas. Le premier concerne l’imagerie de l’infiniment petit, aidée par l’intelligence artificielle. On arrive maintenant à voir les cônes et les bâtonnets en direct dans un champ de plus en plus large.

Le second est la thérapie génique qui va permettre deux choses : compenser les anomalies génétiques de nos patients et, d’autre part, leur permettre de générer leurs propres médicaments, pratiquement, dans les cellules cibles. Ce n’est pas dans cinq ans, c’est déjà là !

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