Entretien

Rencontre avec le Pr Bahram Bodaghi, professeur des universités, chef du service d’ophtalmologie du CHU Pitié-Salpêtrière

Le professeur Bahram Bodaghi est professeur des universités, chef du service d'ophtalmologie du CHU Pitié-Salpêtrière. Rencontre en 4 questions.

Le 28 septembre 2023

Le professeur Bahram Bodaghi est professeur des universités, chef du service d’ophtalmologie du CHU Pitié-Salpêtrière. Au-delà de son titre et de son parcours, ARMD propose de découvrir les événements qui ont suscité sa vocation et quelques traits de sa personnalité. Rencontre.

Vous êtes professeur d’ophtalmologie. Pour vous, cette profession, c’est une vocation ? Un peu le fruit du hasard ? Le résultat d’une rencontre ?

Bahram Bodaghi. C’est certainement une vocation mais elle n’aurait pas pu se concrétiser sans la rencontre d’une personne qui m’a guidé durant toutes les années de préparation qui précèdent une nomination. Il s’agit de mon maître, le Pr Phuc LeHoang, qui m’a encouragé, comme beaucoup d’autres élèves, dès ma première année d’internat dans son service à la Pitié-Salpêtrière. Son expertise dans la prise en charge des inflammations et infections oculaires et son charisme m’ont d’emblée impressionné et captivé.

Quels sont les 2 ou 3 événements qui vous ont profondément marqués au fil de votre carrière ?

Bahram Bodaghi. D’abord l’enseignement des jeunes internes lors de mon mandat de coordonnateur de DES. La transmission du savoir est à mon sens l’une de nos principales missions. Ensuite la défense de l’excellence hospitalo-universitaire durant la présidence du CNU d’Ophtalmologie où j’ai pu prendre conscience de la richesse de nos différentes surspécialités et du talent de l’ensemble de nos collègues. Enfin, la défense de l’Ophtalmologie dans sa globalité lors de la période Covid-19. J’étais alors secrétaire général de la SFO et il a fallu s’adapter très vite en utilisant les outils virtuels pour garder le contact et informer le plus grand nombre.

A l’aune de votre expérience et de votre approche internationale de la profession, diriez-vous qu’il existe une exception ophtalmologique française ?

Bahram Bodaghi. Oui sans aucune hésitation! C’est certainement notre liberté qui nous caractérise le mieux aux yeux de nos amis ophtalmologistes étrangers. Ils envient notre liberté de prescription et de prise en charge des patients. L’intérêt médical passe devant l’intérêt financier. On me pose souvent la question suivante : combien de temps cela va t-il durer?

Quelles sont, à votre avis, les innovations qui pourraient révolutionner l’ophtalmologie d’ici 10 ans ?

Bahram Bodaghi. Beaucoup parlent de l’intelligence artificielle à court terme mais le chemin est encore long pour que les applications pratiques soient opérationnelles. Les outils d’imagerie moderne et les biothérapies nous amènent indéniablement vers une ophtalmologie personnalisée et de précision. Enfin, c’est certainement la réhabilitation du handicap visuel dans les cas les plus avancés qui révolutionnerait l’avenir de notre profession et aiderait le plus nos patients pour lesquels nous sommes actuellement les plus démunis. J’espère que nous garderons le plus longtemps possible le privilège d’une relation humaine directe avec nos patients.