Les résultats du protocole W.

Protocole W : résultats par le Dr. Raj Maturi

Le 6 novembre 2023

Parmi les patients présentant une rétinopathie diabétique non proliférante sévère, avec une bonne acuité visuelle (supérieure à 8/10°), sans œdème maculaire diabétique, un traitement précoce par Aflibercept entraîne une réduction significative de la probabilité de développer une rétinopathie diabétique proliférante ou un œdème maculaire durant au moins quatre ans.

Par contre, il n’y a pas de différence en termes d’acuité visuelle entre les patients traités par Aflibercept et les patients simplement surveillés. 

 

Raj Maturi du DRCRnet a rapporté le résultat du protocole W.

Sur la classification ETRDS de la rétinopathie diabétique, utilisée pour les études, il y a l’équivalent de nos stades :

  • Non proliférant minime, modéré, sévère,
  • Proliférant minime modéré sévère et compliqué

Pour les stades non proliférants minimes et modérés il faut s’assurer : 

  • D’un bon équilibre glycémique
  • Un équilibre de la tension artérielle
  • De l’absence d’apnée du sommeil
  • De la fonction rénale
  • De la cholestérolémie

Et surveiller.

À l’autre bout du spectre, en cas de rétinopathie diabétique proliférante sévère, il faut, en plus de la prise en charge systémique ci-dessus faire une PPR combinée avec des injections d’anti-VEGF

Si la rétinopathie diabétique proliférante est compliquée d’hémorragie ou de traction vitréenne, il faut opérer, puis injecter des anti-VEGF, puis faire une PPR.
Tout en s’assurant de l’équilibre systémique.

C’est assez bien codifié.
Reste une zone sujette à discussion : les stades non proliférants sévères sans œdème maculaire diabétique.
S’il y a un OMD les protocoles I et T ont montré l’efficacité des anti-VEGF.
Mais s’il n’y en a pas, est-ce que les anti-VEGF seuls peuvent prévenir le passage à une forme pré-proliférante?
Et si c’est le cas, y a-t-il un bénéfice visuel à ce traitement ?

 

C’est l’objet du protocole W :

C’est une étude dans 64 centres.

Les critères d’inclusion sont :

  • Un âge supérieur à 18 ans avec un diabète de type 1 ou 2
  • Une rétinopathie diabétique non proliférante sévère dans 1 œil au moins
  • Pas de néovaisseaux à l’angiographie dans les 7 champs ETDRS
  • Pas d’OMD depuis les derniers 12 mois
  • Pas de PPR

Les patients sont randomisés en 2 groupes : Aflibercept 2 mg ou Placebo.
L’objectif principal est l’apparition d’une rétinopathie proliférante (RDP) ou d’un œdème maculaire (OMD).

L’acuité visuelle est suivie aussi :
Il y a :

  • 5 injections la première année M0 M1 M2 M4 M8
  • 3 injections la deuxième année M12 M16 M20
  • À partir de M24, les injections sont possibles tous les 4 mois mais seulement si le stade de rétinopathie est supérieur à une rétinopathie diabétique non proliférante modérée

 

Groupe Placebo Aflibercept
RDP et/ou OMD 57 % 34 %
RDP 49 % 28 %
OMD 19 % 11 %

Complications apparues au cours des 4 ans de l’étude.

 

Il y a 2 fois moins de risque d’aggravation de 2 stades ETDRS sous Aflibercept et presque 3 fois plus de chance d’amélioration de 2 stades
Par contre il n’y a pas de bénéfice en termes d’acuité visuelle sur les 4 ans de l’étude.

Parmi les patients présentant une rétinopathie diabétique non proliférants sévère, avec une bonne acuité visuelle (supérieure à 8/10°), sans œdème maculaire diabétique, un traitement précoce par Aflibercept entraîne une réduction significative de la probabilité de développer une rétinopathie diabétique proliférante ou un œdème maculaire durant au moins quatre ans.
Par contre, il n’y a pas de différence en termes d’acuité visuelle entre les patients traités par Aflibercept et les patients simplement surveillés.

Notons que le traitement était léger avec seulement cinq injections la première année, trois injections, la deuxième année, et au maximum trois injections les années trois et quatre.